La spirale du deuil

Publié le 10 octobre 2025 à 18:31

Un voyage intérieur vers la reconstruction

 

Le deuil est une expérience universelle, et pourtant profondément intime.

Que l’on perde un être cher, une partie de Soi, ou encore une relation, le deuil vient bouleverser notre équilibre.

On entend souvent parler des « étapes » du deuil, mais une autre image mérite selon moi d’être explorée  : celle de la spirale du deuil.

 

Le processus de deuil n'a rien d'une courbe comme on a l'habitude de nous le présenter. En tout cas, ce n'est clairement pas de cette façon que je vis le mien et l'avoir conscientisé me permet aujourd'hui de mieux le comprendre, de mieux l'appréhender et d'être rassurée sur le fait que "j'avance" sur le chemin, même si celui-ci me semble parfois plus douloureux au fur et à mesure que le temps passe. 

 

En quelques mois, ma vie a basculé. En septembre 2024, j’ai perdu ma maman d'un cancer : elle n'avait que 65 ans. En avril 2025, c’est ma fille de 18 ans, Camille, qui est partie, emportée par une leucémie. Deux deuils, coup sur coup.

Je ne saurais dire ce que ces mots provoquent chez les autres, mais pour moi, ils ont tout brisé. D’un coup, je suis entrée dans un espace sans repères, un tsunami d’émotions violentes, confuses, incessantes, la culpabilité, la colère, la tristesse. Et au milieu de tout ça, j’ai découvert cette spirale du deuil.

 

Pourquoi je parle de spirale ? Car plus j'avance et plus je m'aperçois que je revisite les mêmes émotions, les mêmes pensées, mais à des profondeurs ou des hauteurs différentes. Parfois, on croit avoir « dépassé » une douleur, et on la retrouve plus tard, sous une autre forme, plus subtile ou plus intense. Ce n’est pas un retour en arrière : c’est une évolution.

 

Réaliser cela est pour moi très précieux car j'ai passé quelques temps à ne pas me retrouver dans ce "schéma en courbe". A chaque "retour de bâton", j'avais l'impression que l'émotion était plus forte et toujours plus intense que la fois d'avant, et je me disais : "c'est pas possible, je vais pas supporter, j'ai l'impression que c'est de pire en pire".

J'avais d'ailleurs plutôt la sensation de vivre l'image d'un escalier qui descendait toujours plus bas avec des pauses au niveau des paliers où je vivais un semblant de mieux, pour finalement retomber encore plus bas à l'étape suivante, si bien que je ne me retrouvais pas non plus dans cette idée que le "temps fait les choses".

 

La spirale du deuil nous montre que le temps ne "guérit" pas tout, mais qu'il transforme. Et là, ça résonne en moi. Chaque passage dans la spirale nous donne l'occasion de creuser un peu plus profond et de "guérir" un espace supplémentaire à chaque fois.

Revenir sur une douleur ne veut pas dire régresser.

Cela peut être le signe que nous avons juste gagné en profondeur, et que nous sommes prêts à regarder un aspect que nous ne pouvions pas affronter plus tôt. C'est plus profond, souvent plus douloureux mais c'est un passage obligé, un passage qui vient à nous quand nous sommes prêts à l'accueillir, et pas avant. C'est un processus de guérison.

 

Le deuil n’est pas une maladie à soigner, mais un processus à vivre. On ne "tourne pas en rond" quand on est en deuil, on ne "surfe" pas sur une vague, non plus, malgré ce que j'ai supposé pendant un temps. On avance sur cette spirale : on évolue, chacun à notre manière, chacun à notre rythme, sur cette spirale de transformation intérieure profonde…

 

Pour se donner une chance, un jour, de se lever un matin avec le cœur enfin un peu plus léger, un peu moins douloureux, un peu plus ouvert à la joie et à la douceur que nous méritons.

 

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